L’héritage de la BMW M3 E9x : pourquoi elle fascine encore
Quand on parle de BMW M3 « moderne » qui fait encore battre le cœur des passionnés, la génération E9x revient systématiquement. E90 (berline), E92 (coupé) et E93 (cabriolet) partagent la même base technique et surtout le même argument massue : un V8 atmosphérique qui grimpe à plus de 8 000 tr/min. Une architecture qu’on ne reverra plus chez BMW M, ce qui explique en grande partie son aura actuelle.
Produite entre 2007 et 2013, la M3 E9x se situe à un moment charnière : dernière M3 sans turbo, sans direction électrique, encore relativement compacte, mais déjà très performante et utilisable au quotidien. Sur le marché de l’occasion, elle attire autant les collectionneurs que ceux qui cherchent une sportive polyvalente à savourer encore longtemps avant que ce genre de mécanique ne disparaisse totalement.
Mais avant de craquer, il faut bien comprendre ce que l’on achète : son histoire, ses forces, ses faiblesses, et les pièges à éviter.
Une M3 à part : la seule avec un V8 atmosphérique
La M3 E9x succède à la très aimée E46 à six cylindres en ligne. Pour rester dans la course face à la concurrence (Audi RS4, Mercedes C63 AMG), BMW M fait un choix radical : abandonner le 6 cylindres et développer un V8 spécifique, dérivé dans sa philosophie du V10 de la M5 E60.
Quelques repères clés :
Sur le plan du positionnement, la M3 E9x reste une sportive polyvalente : quatre vraies places (surtout en berline), un coffre correct, une ergonomie BMW classique, et des versions BVA (DKG) très utilisées au quotidien. Elle se situe à la croisée des chemins entre la M3 analogique des années 90/2000 et les M modernes plus technologiques et aseptisées.
Caractéristiques techniques : ce que cache vraiment la fiche technique
Le cœur du sujet, c’est le moteur. Le V8 S65B40 est un 4,0 litres atmosphérique, avec un caractère très particulier par rapport aux gros V8 américains ou AMG.
Principales caractéristiques :
La M3 E9x existe en plusieurs carrosseries :
Une option importante : le Pack Compétition (ZCP sur certains marchés). Il apporte :
Sur le marché français, la boîte DKG est très présente. Elle offre des passages ultra-rapides, une vraie efficacité sur circuit, et reste agréable en ville. Les puristes privilégient la manuelle, plus rare et aujourd’hui très recherchée, surtout en berline ou coupé.
Au volant : une vraie M, mais pas une sportive facile
Ce qui fait le charme de cette M3, c’est la combinaison entre un moteur explosif à haut régime et un châssis encore assez « analogique ». Ce n’est pas une voiture qui donne tout à 2 000 tr/min. Pour l’apprécier, il faut aller chercher les 7 000 à 8 000 tr/min, où le V8 prend toute sa dimension.
Quelques sensations typiques :
Côté châssis, la M3 E9x reste efficace et équilibrée, mais :
Ce n’est pas une sportive « plug and play » comme certaines modernes qui filtrent tout. Elle demande un peu d’apprentissage et de respect. Sur route de montagne ou sur circuit, bien menée, elle reste redoutablement rapide et surtout très gratifiante.
Fiabilité et points faibles : ce qu’il faut vraiment surveiller
Le V8 S65 est une pièce de haute technologie. Il offre des sensations incroyables, mais il n’est pas gratuit en entretien. Globalement, il peut être fiable si suivi correctement, mais certains points sont à connaître avant d’acheter.
Bielles et coussinets : le sujet sensible
Les coussinets de bielles sont l’un des points les plus discutés. Avec le temps et les kilomètres, ils peuvent s’user prématurément, surtout si :
Les symptômes peuvent être subtils (bruit léger, limailles dans l’huile) mais la casse peut être coûteuse. Beaucoup de propriétaires préventifs les remplacent entre 100 000 et 150 000 km. C’est un point à vérifier sur tout exemplaire convoité.
Consommation d’huile
Ce V8 peut consommer de l’huile, parfois jusqu’à 1 litre pour 2 000 à 3 000 km, selon l’usage. Ce n’est pas forcément anormal, mais :
Demander l’historique des appoints et la fréquence des contrôles de niveau est loin d’être un détail.
Électronique et périphériques
Comme toute BMW de cette époque, quelques points reviennent :
La carrosserie n’est pas particulièrement rouilleuse, mais les dessous de caisse, berceaux et ancrages de suspension méritent un œil attentif, surtout sur des voitures qui ont roulé en région humide ou salée.
Coûts d’usage : mieux vaut être préparé
La M3 E9x n’est pas une compacte diesel. C’est une vraie sportive haut de gamme, et son budget suit. Avant de signer, il faut aligner les chiffres avec la réalité.
Carburant
Selon l’usage, comptez :
Le SP98 est vivement recommandé pour préserver le moteur et les performances.
Entretien
Un entretien sérieux inclut :
Un simple passage chez BMW ou spécialiste M pour une grosse révision peut rapidement dépasser les 1 000 €. Rien d’anormal pour ce type de voiture, mais il faut le prévoir.
Quelle version choisir ? Coupé, berline, cabriolet, BVM ou DKG
Le choix de la configuration a un impact direct sur le plaisir, l’usage quotidien et la valeur à la revente.
Berline (E90)
La plus discrète et la plus pratique :
Coupé (E92)
La version « référence » pour beaucoup :
Cabriolet (E93)
À envisager si la priorité est le plaisir à ciel ouvert :
Boîte manuelle vs DKG
La boîte manuelle 6 rapports :
La boîte DKG 7 rapports :
Si vous cherchez une auto pour rouler régulièrement en ville et sur autoroute, la DKG se défend très bien. Si vous visez un achat passion, orienté collection et plaisir d’antan, la BVM a de solides arguments.
Bien acheter : les points de contrôle indispensables
Devant une annonce alléchante, l’important est de garder la tête froide. Un bel intérieur et de jolies jantes ne suffisent pas. Sur une M3 E9x, l’historique et l’état mécanique priment.
Historique d’entretien
Idéalement :
Essai routier
À surveiller pendant l’essai :
Carrosserie et châssis
À vérifier :
Un passage sur un pont chez un spécialiste avant achat est vivement recommandé. Les quelques centaines d’euros investis peuvent éviter plusieurs milliers de réparations.
Budget d’achat et perspective de valeur
Les prix des M3 E9x ont longtemps baissé, puis se sont stabilisés. On observe même une tendance haussière pour les plus beaux exemplaires, surtout :
Pour une fourchette réaliste :
Il est souvent plus intelligent de payer un peu plus cher une auto suivie et saine, que de « faire une affaire » sur un exemplaire douteux qui engloutira rapidement la différence de prix en réparations.
Pour qui la M3 E9x est-elle vraiment faite ?
La M3 E9x s’adresse à un profil assez précis :
Elle conviendra moins à ceux qui cherchent :
En revanche, pour qui accepte ses contraintes, la M3 E9x offre un mélange unique : un V8 de caractère, une ligne encore actuelle, une position de conduite idéale et cette sensation de conduire une vraie M, pas une sportive filtrée par l’électronique.
Dans un monde où les moteurs downsizés et l’électrification gagnent du terrain, cette génération de M3 ressemble de plus en plus à une parenthèse enchantée. Bien choisie et bien entretenue, elle peut encore offrir beaucoup de kilomètres de pur plaisir mécanique, tout en conservant un certain potentiel d’attrait sur le marché des passionnés.
