À quel âge peut-on passer le permis accompagné ?
En France, la conduite accompagnée (AAC) est possible dès 15 ans. C’est la voie royale pour obtenir son permis B dans de bonnes conditions, avec plus d’expérience et souvent un meilleur taux de réussite à l’examen.
Mais entre l’âge minimum, les heures obligatoires, les obligations pour les accompagnateurs et les démarches auprès de l’assurance, il est facile de s’y perdre. On fait le point, étape par étape, sans jargon inutile.
Conduite accompagnée : de quoi parle-t-on exactement ?
Quand on dit « permis accompagné », on parle en réalité de l’Apprentissage Anticipé de la Conduite (AAC). Le principe :
- Formation initiale en auto-école (code + conduite)
- Phase de conduite accompagnée avec un ou plusieurs adultes référents
- Retour en auto-école pour finaliser la préparation à l’examen
- Passage de l’examen pratique du permis B
L’objectif n’est pas de « griller les étapes », mais au contraire de allonger la période d’apprentissage pour arriver à l’examen avec de vrais réflexes d’automobiliste.
Âge minimum : quand peut-on commencer ?
Pour l’AAC, la règle est claire :
- 15 ans minimum pour démarrer la formation en auto-école (code + conduite)
- On peut ensuite commencer à rouler avec un accompagnateur dès la fin de la formation initiale
- On peut passer l’examen pratique du permis B dès 17 ans (réforme appliquée à partir de 2024)
Attention cependant : même si le permis est obtenu à 17 ans, l’utilisation en solo reste encadrée. Selon la réglementation en vigueur et la date exacte de délivrance, la conduite autonome peut rester limitée jusqu’à la majorité pour certains usages (assurance, location, conduite professionnelle). Il faut donc vérifier les conditions de son assureur et des acteurs concernés (employeurs, loueurs).
Conduite accompagnée, conduite supervisée : ne pas confondre
Deux dispositifs sont souvent confondus :
- AAC (Apprentissage Anticipé de la Conduite) : dès 15 ans, avec phase de conduite accompagnée longue.
- Conduite supervisée : pour les plus de 18 ans, souvent utilisée après un échec à l’examen ou comme complément d’apprentissage.
Ici, on parle bien de la conduite accompagnée version « jeunes », qui commence avant 18 ans et suppose un contrat spécifique avec l’auto-école.
Conditions pour s’inscrire en conduite accompagnée
Pour démarrer l’AAC, il faut remplir quelques critères simples mais stricts.
Âge et inscription
- Avoir au minimum 15 ans
- Être inscrit dans une auto-école agréée (classique ou en ligne avec partenaire local)
- Avoir obtenu un accord écrit des parents ou du responsable légal
Formation initiale obligatoire
Avant de partir sur route avec un accompagnateur, il faut terminer une formation initiale en auto-école comprenant :
- La réussite à l’examen du code de la route (ETG)
- Un minimum de 20 heures de conduite avec un moniteur (souvent plus selon le niveau de l’élève)
- Une évaluation favorable de fin de formation initiale par le moniteur
Ce n’est qu’une fois ces étapes validées que l’auto-école délivre l’attestation de fin de formation initiale, qui autorise officiellement le départ en conduite accompagnée.
Qui peut être accompagnateur ?
On ne peut pas accompagner un jeune conducteur juste parce qu’on a une voiture et un permis. La loi impose des critères précis.
Conditions pour être accompagnateur
- Être titulaire du permis B depuis au moins 5 ans sans interruption
- Aucune annulation ou suspension du permis pour des infractions graves sur la période récente
- Être mentionné dans le contrat de formation (auto-école + assurance)
- Obtenir l’accord de l’assureur du véhicule utilisé
Un même élève peut avoir plusieurs accompagnateurs : parents, beaux-parents, membre de la famille, proche, etc., tant que chacun remplit les conditions et est déclaré.
Rôle de l’accompagnateur
- Surveiller en permanence la conduite
- Anticiper les risques et guider le jeune conducteur
- Montrer l’exemple : respect strict du code de la route
- Aider à varier les parcours (ville, campagne, autoroute, nuit, pluie…)
En pratique, l’accompagnateur devient un prolongement de l’auto-école : même niveau d’exigence, mais dans la vraie vie quotidienne.
Durée minimale et kilométrage à parcourir
La conduite accompagnée n’est pas une simple formalité pour « faire joli » sur le dossier. Elle doit respecter des seuils clairement définis.
- Durée minimale : 1 an de conduite accompagnée
- Distance minimale : 3 000 km à parcourir avant de se présenter à l’examen
Ce double seuil vise à éviter les apprentissages « express » avec quelques balades le week-end. Il faut du kilomètre pour développer de vrais automatismes, surtout dans des conditions variées.
Les démarches administratives indispensables
1. Dossier d’inscription en auto-école
Comme pour toute formation au permis B, l’élève doit constituer un dossier :
- Pièce d’identité
- Photo d’identité numérique (e-photo agréée)
- Justificatif de domicile
- Attestation d’hébergement + pièce d’identité de l’hébergeant si besoin
- ASSR 2 (pour les moins de 21 ans)
L’auto-école se charge en général de la demande de numéro NEPH auprès de l’ANTS (Agence Nationale des Titres Sécurisés).
2. Attestation de fin de formation initiale (AFFI)
Une fois le code obtenu et les leçons de conduite validées, le moniteur délivre l’attestation de fin de formation initiale. Ce document :
- Atteste que l’élève a le niveau minimum pour rouler accompagné
- Est signé par l’auto-école, l’élève et le ou les accompagnateurs
3. Déclaration à l’assurance
Étape souvent sous-estimée, mais cruciale : l’assurance du véhicule doit impérativement être informée avant toute conduite accompagnée.
- On déclare l’élève comme conducteur en apprentissage
- On précise qu’il s’agit d’AAC, pas de conduite classique
- On vérifie les garanties et franchises associées
La plupart des assureurs ne facturent pas de surprime pendant l’AAC, mais peuvent mieux tarifer le contrat jeune conducteur si le parcours en AAC s’est bien déroulé (et sans sinistre).
Règles spécifiques pendant la conduite accompagnée
Signalisation du véhicule
- Obligation d’apposer le macaron « conduite accompagnée » à l’arrière du véhicule
Ce disque informe les autres conducteurs et peut les rendre (un peu) plus tolérants face aux hésitations du jeune conducteur.
Limitations de vitesse
Pendant la conduite accompagnée, l’élève applique les mêmes limitations de vitesse qu’un conducteur novice après obtention du permis :
- 110 km/h au lieu de 130 km/h sur autoroute
- 100 km/h au lieu de 110 km/h sur voies rapides séparées
- 80 km/h sur les autres routes (ou selon réglementation locale)
Alcool, stupéfiants, ceinture
Même si l’élève n’a pas encore de permis, il est soumis aux mêmes règles pour :
- Zéro tolérance pratique pour l’alcool au volant (et, de toute façon, interdit même sans conduire à cet âge)
- Interdiction stricte de conduire sous stupéfiants
- Ceinture de sécurité obligatoire pour tous les occupants
L’accompagnateur est également responsable de son propre comportement : un accompagnateur alcoolisé ou sous stupéfiants prend un risque majeur, y compris pénal.
Comment se passe la fin de l’AAC et l’examen ?
Une fois les 3 000 km et la durée minimale d’un an atteints, l’élève ne se présente pas directement à l’examen pratique. Il repasse d’abord par l’auto-école.
Bilan(s) pédagogique(s)
- Minimum deux rendez-vous pédagogiques obligatoires pendant la phase accompagnée
- Ils se font avec un moniteur, l’élève et souvent l’accompagnateur
- Objectif : corriger les mauvaises habitudes, valider les progrès, ajuster l’apprentissage
Inscription à l’examen
- L’élève peut être présenté à l’examen dès 17 ans
- L’auto-école effectue généralement l’inscription et la réservation de date
- Un complément de leçons peut être recommandé avant l’examen
Le gros avantage chiffré de l’AAC : taux de réussite supérieur à la filière classique, car le candidat a souvent déjà conduit dans quasiment tous les contextes possibles.
Avantages concrets de la conduite accompagnée
Plus d’expérience, moins de stress
Un candidat qui arrive à l’examen avec 3 000 à 5 000 km au compteur a généralement :
- Une meilleure gestion du stress
- De meilleurs automatismes (boîte de vitesses, regard, trajectoires)
- Une meilleure lecture du trafic
Assurance souvent moins chère
De nombreux assureurs proposent :
- Une réduction sur la prime jeune conducteur pour les titulaires du permis issus de l’AAC
- Une meilleure image de « risque maîtrisé »
Sur plusieurs années, la différence de tarif peut largement compenser le coût supplémentaire des heures d’auto-école et des démarches.
Permis probatoire plus avantageux
Autre détail intéressant : en cas d’obtention du permis après AAC, le permis probatoire n’a pas tout à fait le même profil qu’en filière classique :
- Plus de points dès le départ ou récupération plus rapide (selon les règles en vigueur au moment de l’obtention)
- Reconnaissance par l’administration d’un parcours d’apprentissage plus long
Combien ça coûte réellement ?
La conduite accompagnée ajoute des éléments par rapport à un permis classique, mais permet parfois des économies globales.
Coût en auto-école
- Formation initiale (code + 20 h de conduite) : souvent entre 1 200 € et 1 700 € selon la région et l’auto-école
- Forfait spécifique AAC : inclut généralement les rendez-vous pédagogiques + suivi
- Heures supplémentaires éventuelles avant examen : variable selon le niveau
Coût côté assurance
- Phase AAC : souvent sans surprime, mais à vérifier
- Après obtention du permis : prime jeune conducteur réduite par rapport à la filière classique
Sur 3 à 5 ans, l’AAC est souvent plus rentable qu’un permis classique obtenu tardivement après plusieurs échecs à l’examen.
Erreurs fréquentes à éviter
Se limiter aux trajets « maison – école »
Faire toujours les mêmes trajets ne développe pas vraiment les compétences. L’idéal est de varier :
- Ville dense, périphérie, campagne
- Jour et nuit
- Autoroute, nationales, départementales
- Météo variable : pluie, brouillard, etc. (sans prendre de risques inutiles)
Laisser s’installer de mauvaises habitudes
L’accompagnateur n’est pas là pour « faire plaisir » mais pour corriger. Tolérer des comportements comme :
- Clignotant oublié
- Distances de sécurité insuffisantes
- Vitesses excessives
c’est programmer des difficultés à l’examen – et potentiellement des risques plus tard.
Oublier l’assurance ou les conditions contractuelles
Prendre le volant sans que l’assurance ait validé la conduite accompagnée, c’est s’exposer à un vrai problème en cas d’accident. Cette étape doit être traitée comme non négociable.
En résumé : l’âge idéal pour démarrer, c’est quand ?
Légalement, l’AAC est possible dès 15 ans. Dans la pratique, le bon moment dépend :
- De la maturité du jeune : capacité à se concentrer, à gérer des consignes, à accepter la critique
- De la disponibilité des accompagnateurs : il faudra rouler régulièrement pendant au moins un an
- Du projet : besoin de conduire tôt pour les études, le travail, la localisation géographique
Commencer tôt permet :
- De prendre son temps
- D’arriver à 17 ans avec un vrai niveau d’automobiliste
- D’attaquer la vie active ou les études avec déjà le permis en poche
Pour un jeune motivé et une famille prête à s’impliquer, la conduite accompagnée reste aujourd’hui l’option la plus rationnelle pour obtenir un permis fiable, en sécurité, et à un coût global maîtrisé.
