Un nouveau cap pour les motards : le contrôle technique obligatoire
Le contrôle technique des deux-roues motorisés en France a longtemps fait l’objet de débats. Repoussé, puis suspendu, il est désormais officiel : à partir de 2024, certains motos et scooters devront obligatoirement passer par cette vérification périodique. Que vous rouliez en 125cm³ ou en grosse cylindrée, il est temps de faire le point sur ce qui vous attend.
Pourquoi ce changement ? Pour des raisons de sécurité, d’environnement, mais aussi pour harmoniser les règles européennes. L’objectif est clair : réduire les risques liés à l’état technique des motos, tout en agissant sur les nuisances sonores et les émissions polluantes.
Qui est concerné par le contrôle technique des deux-roues ?
Le contrôle technique devient obligatoire pour les véhicules de catégorie L, c’est-à-dire :
- Les cyclomoteurs (≤50 cm³)
- Les scooters et motos (>50 cm³)
- Les tricycles et quadricycles à moteur (type quad, trike, etc.)
En termes clairs : si vous roulez sur un deux-roues motorisé de plus de 50 cm³ immatriculé, vous êtes concerné. Les motos de collection sont également soumises au contrôle, mais selon des dispositions spécifiques (fréquence différente, contrôle adapté).
Les véhicules destinés uniquement à la compétition ou ceux circulant de manière très occasionnelle sur la voie publique (avec justificatifs) peuvent bénéficier d’exemptions, mais cela reste l’exception.
Quand faut-il faire ce contrôle technique ?
Le calendrier a été établi en plusieurs étapes, selon l’ancienneté du véhicule :
- Motos et scooters immatriculés avant le 1er janvier 2017 : obligation de contrôle à partir du 1er janvier 2024.
- Immatriculés entre le 1er janvier 2017 et le 31 décembre 2019 : contrôle à réaliser en 2025.
- Immatriculés entre le 1er janvier 2020 et le 31 décembre 2021 : échéance en 2026.
- Pour les véhicules mis en circulation à partir de 2022 : contrôle à effectuer dans les six mois précédant le quatrième anniversaire du véhicule.
Ensuite, la fréquence devient biennale : tous les deux ans, comme pour les voitures. Un passage anticipé reste possible en cas de revente du véhicule. Autrement dit, inutile de repousser une vérification si vous comptez vendre votre moto : l’acheteur l’exigera.
Que comporte ce contrôle ?
Rien d’ésotérique. Le contrôle, d’une durée estimée entre 30 et 45 minutes, se concentre sur les éléments de sécurité et de conformité, notamment :
- Freinage : usure des plaquettes/disques, efficacité du freinage
- Système d’éclairage et signalisation (clignotants, phare, feux de stop)
- Direction et suspensions : jeu, efficacité, fixation
- Cadre et structure : corrosion, fissures, déformation
- Identification : numéro de châssis, plaque lisible
- Niveau sonore et émissions polluantes (avec une attention particulière sur les pots d’échappement trafiqués)
Les centres agréés auront une check-list précise. L’idée n’est pas d’ennuyer les motards, mais de garantir une vérification standardisée, claire, et sans surprise. En cas de défaut, un contre-visite est obligatoire dans un délai d’un mois.
Combien cela va-t-il coûter ?
Le tarif du contrôle technique moto n’est pas fixé par l’État. Chaque centre agréé est libre d’établir ses prix, à l’image du marché automobile. Cela dit, les premières estimations tournent autour de 50 à 70 € pour un contrôle complet. En cas de contre-visite, il faudra ajouter entre 15 et 25 € supplémentaires, selon le centre et la nature des défauts constatés.
Certains centres pourraient proposer des offres groupées (entretien + contrôle technique) ou des réductions en période creuse. Soyez à l’affût. Un bon plan ? Profiter du contrôle pour faire réviser votre moto — un deux-en-un malin qui peut éviter bien des mauvaises surprises.
Quel impact pour les motards ?
Ceux qui entretiennent régulièrement leur deux-roues n’ont rien à craindre. Le contrôle technique ne va pas ultra-creuser dans la mécanique. Il se veut accessible, pragmatique, et orienté sécurité.
En revanche, les conducteurs les plus laxistes ou les bricoleurs du dimanche devront s’adapter. Fini, les pots bruyants non homologués ou les clignos LED façon sapin de Noël mal câblés. Les équipements non conformes seront source de refus.
Ce nouveau cadre va également influencer le marché de l’occasion. Une moto avec contrôle technique OK aura plus de valeur, à juste titre. Cela va professionaliser un peu plus la vente entre particuliers, et assainir certaines dérives — qui n’a jamais vu passer une annonce pour une bécane « entièrement modifiée, pot libre, clignos supprimés » ?
Qu’en pensent les motards — et les centres techniques ?
Le débat fait encore rage. Beaucoup de motards jugent cette mesure inutile : ils estiment, à raison, qu’un motard prend soin de sa machine, car sa vie est en jeu. D’autres y voient un énième impôt déguisé.
Mais objectivement, la France était l’un des derniers pays européens à ne pas imposer ce contrôle. Et les statistiques européennes montrent un lien clair entre bon état mécanique et réduction des accidents. En 2022, près de 8 % des accidents mortels impliquant une moto incluaient une défaillance technique. Certes, ce n’est pas la majorité, mais c’est loin d’être négligeable.
Les centres techniques, eux, se préparent. Le marché potentiel est énorme : plus de 2,5 millions de deux-roues motorisés en circulation. De quoi justifier de nouveaux investissements, embauches et formations spécialisées.
Anticiper pour mieux gérer
Anticiper, c’est la clé. Attendre le dernier moment (ou la dernière ligne droite) pourrait faire grimper les prix ou entraîner des délais de rendez-vous à rallonge.
Voici quelques conseils simples pour prendre de l’avance :
- Faites un pré-check : éclairez votre moto, testez les freins, clignotants, phares. Écoutez le comportement moteur. Toute anomalie audible ou visible devrait vous alerter.
- Vérifiez votre pot : c’est souvent là que ça coince. Si vous avez un pot non-homologué, envisagez de remettre la pièce d’origine temporairement.
- Gardez vos factures d’entretien : elles pourront rassurer un acheteur et justifier votre sérieux en cas de revente.
Et si vous ne savez pas par où commencer ? Une simple révision chez votre garagiste de confiance vous mettra dans les clous sans prise de tête.
Vers un entretien plus rigoureux, mais pas une chasse aux sorcières
Le contrôle technique pour deux-roues n’est pas une sanction. Il peut, à terme, tirer vers le haut l’entretien global des motos en circulation, tout en valorisant les conducteurs responsables. Et oui, ça peut même améliorer l’image des motards — trop souvent associés à tort à des comportements à risques.
Alors non, ce n’est pas la fin du plaisir à moto. C’est juste un peu plus de rigueur pour beaucoup plus de sécurité. Et soyons francs : si votre machine est entretenue, silencieuse et propre, ce contrôle, vous le passerez haut la main. Sinon… il est temps de sortir la clé de 10.